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Maj: 02/12/21
Inimaginaire
Sylvie Girardot - Baya

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Baya a peint en volets roses, des murs sans vie où mourir fut si bon qu'elle en aimait l'amour sous le son de la lyre et des battements du coeur comme le font des tambours en 
quète du petit jour sur les remous de l'Afrique. Femme tresses au vent, elle écrit en silence, le bruit de son pinceau murmurant à sa feuille qu'il n'y a que le champ sur son
lointain futur...Alors elle parle à la porte qui ouvre l'or-raison qu'elle garde dans un foulard pour rire encore plus fort! Ressusciter, rétablir l'équilibre des saisons nue
elle se mit et chante sa valse à elle en passant la couleur sur chaque trait divin. La liberté des mots, la joie de les livrer sur un plateau de fleurs qui ne pourriront pas.
Dresser les tours, nourcir le bleu fait dans la chair...marcher, marcher et ne jamais mâcher ses maux, juste les vivre pour les ensevelir. Baya peint, Baya se bat, les toiles
brillant sur les sols rayés couverts de paille. Sous ses quatre jupes quand elle cachait l'envie, des traces vermillons lui faisaient un jupon ou un bas de dentelle qu'il lui
fut refusé. Elle invente des tissus chaussant ses sandales où ses pieds de fusain lui tisseront ses pas...marcher, marcher et ne jamais mâcher sa peine, juste la faire rire à
palan le coeur qui se balance. La pluie a pris ses larmes et son âme pour en faire cette arme puissante dans ses poings serrés quand elle presse le papier où l'esquisse de la
liberté pointait son nez. Baya écoute son tableau où murmure l'amer quand se brise un rocher l'impair et manque et...Elle crie en silence mettant ce jaune sur son ciel orangé
rayé de "si". Le noyer tend ses bras vers l'uni, vers celle qui cueille les noix et les pommes en cascade seront un chant sans voix que les yeux peuvent entendre. Baya peinte
Baya rit, Baya aimera encore l'amour quand de cette douceur, elle refait un miroir gémissant...cent ans après elle...cent pas et encore ! Baya, les yeux fixent le plafond des
misères, son oeuvre se fendille quand le vent hurle, ses couleurs se mélangent  quand hurle le vent et c'est elle qui hurle...marche...marcher et courir droite du vent. Baya-
c'est votre mémoire, une guerre que la terre a construit plantant les passages d'idées sur ce qui reste au temps...Baya marche...accroche un ruban aux tombes silencieuses aux
poètes oubliés, au manteau: le porte ! Hier, je lui parle...Baya peins moi sans plainte, Baya mets leurs de la couleur sur leur cerceuil puisqu'ils vont y vivre...Baya rappel
bis...encore. Baya aime l'amour et traine sur les feuilles ses pieds de vers coupants. Un tableau de maître accroche le regard, un maître l'oeuvre qui part de son pays jusque
dans les entrailles de vie ta vie ici...Il est mauve comme le blé, il est pauvre comme l'as, il est riche comme un recueil...Parle moi de lui: Une nuit l'éther a pris mon nez
et lentement sur ma joue, un baiser en peinture a sculpté le jour de vos naissances...Baya éclate en fou-rire nerveux, ses dents blanches que l'homme a vu, sa langue salée et
que l'homme a senti, ses doigts croisés pour mieux comprendre ce que l'homme disait quand il a regardé son ventre et sa croupe généreuse qu'ils disent...! Et Baya ne rit plus
elle peint avec rage, celle qui est bien planquée dans ses quatre jupes froissées. Son chien relève un poil pour se rendormir paisiblement et tant qu'il sentira l'odeur à cet
endroit peint par Baya, il dormira tranquille en marchant dans ses pas...marcher, mastiquer ce que demain sera. Le coq a chanté, les oeufs sont frais, l'air chargé de teintes
nuancées comme les draps fripés, la peau ridée, les yeux du vieux qui rit comme Baya. Sur la table, l'orange a perdu ses feuilles comme pour redemander aux kiwis verts foncez
venez, j'ai des poules au poulailler, venez...Baya venait de faire naitre une histoire en pinceau sur un chiffon écru...elle croit encore à l'amour et sa voix de Diva s'élève
"J'ouvre mes yeux chaque matin, je vous vois, je vous peins et j'aime l'amour lalalala" et son pinceau devient la baguette qui écrira en couleurs les heures à vous secondes à
elle temps étant femme aux seins blancs, Venus sans bras mais le regard de braises, l'espagnole, la ménagère et l'orchestre se déshabille pour que le coeur respire...lalalala
J'aime l'amour. Baya émue, Baya peint encore et ses larmes diluent les maux, l'orgue se détache du cortège pour des trompettes qui acclament la Diva-Baya, jeter des yeux sous
la toile, là où personne n'ose regarder, cet étrange duo, ce couple différent et c'est moi qu'ils entendent...lalalala chante Baya, c'est moi le rêve, c'est moi l'amie, c'est
l'amante que je suis dans tous vos pays...Baya sait peindre les vieux, les yeux, le noir...celui qui se voit après mais elle ne sait peindre que le noir des corbeaux, le noir 
de sa robe, de sa vie mais pas le noir qui dit que demain ne sera plus!...Baya pleure ces yeux clos...Baya pleure la misère mais, elle aime l'amour alors elle chante la Diva,
du vin, du va, du vient qui coule comme un chagrin qui revient sur les toiles des soupirs...Elle dit qu'il faut mourir sous ses habits immolant en vers de gris ce sang bavure
de la dignité et peindre pour se rappeler que mourir c'est un don. Baya a dérangé les cris sur des lits de passage, a bousculé des dieux fiers d'être une idole, a touché deux
mains sales en oubliant de prier sur un demain pluvieux qui meurt bien avant l'âge. Pardon...pardon disait la muse cachée sous cette couche, pardon d'être moi-même retouchant
ses cheveux mais l'herbe restera bleu-fleuri, la lune n'aura aucun visage, les chevaux seront libres et ma terre sera chaude comme le chocolat, comme ma paupière, comme l'eau
et Baya danse sur l'étoile au fond si différent, au front matelassé qui ne craint plus personne...Le silence sera posé en silence et juste qu'on entendra le cri de couleurs à
chaque battement de pinceau...Baya a mal mais elle croit à sa vie...Baya aime l'amour, j'ose le souligner quand elle montre des robes libérant, libérées qui ne feront plus qu
'une sans honte et sans merci et la voilà qui chante sur ce sol dégarni, ne reste que des pierres brûlées par les soldats mais il est là, solide solidement attaché à la terre
qu'elle a aimée qu'elle aime et qu'elle pose sur cette feuille jaunie. Baya, je ne vous l'ai pas dit s'appelle aussi Chantal, Corinne ou bien Pascale, femmes aux quatre jupes
qui croisent et décroisent leurs jambes enfouies sous le fardeau..."lisez donc ces mots sous sa peinture à l'huile quand elle était un chien ou un simple cheval que l'on juge
sans prix, que l'on bat du talon, un chat de vraies gouttières, celles qui pleurent la nuit, une veuve sans le sou ou même juste un seul cri" Le miroir parle comme elle parle
en peignant, sans se plaindre à cet homme qui nous tient par la gorge, étranglant notre vie qui file à la vitesse du vent, il dit " Danse sur ton talon, sans âge ni frontière
pleure quand ton chagrin t'étouffe au lieu de l'admirer, ne fleurit pas ta tombe en usant trop tes mains." Il neigera sur les bandes de fleurs, il grèlera pour le blé endurci
il pleuvra sur les pavés usés comme Baya est usée, comme Baya est pauvre, comme Baya aux quatre jupes sait sourire aux couleurs. Un poème a vu le jour sur un trait d'union né
Baya avait si peur, cachant son sein naissant...ses pieds ne se compteront plus et seul le souffle des ruelles soulèvera sa robe car Baya aime l'amour, pas dans ce silence ci
mais dans celui qu'elle choisit, parlant en mille couleurs que le pinceau écrit, que l'oiseau de son aile tracera pour toujours, un voyage en éclats qui brisent les cristaux!
Baya, je vous aime...votre chair semble la mienne, semble et ressemble à Baya et la voilà qui tourne sur sa chaise pour voir passer les murs, ses murs aux volets roses-closes
pour celui qui l'a prise en douleur, pour celui qui a fait trop de bruit, pour celui qui l'avait fait mourir en touchant à ses jupes, cachant d'un geste ingrat, le clair-bleu
des yeux qui ont trop vus, la peau tanée qui ne saura être égale aux pâles de la peur, la folie de croire mais Baya croit encore à l'amour, la Diva remet ça:"lalala aux pipes
aux papillons, lalala aux visages cirés et aux morpions, lalala, je pense que je suis folle" et d'un geste précis elle lève son jupon, ses sandales cuivrées claquent sur lala
la de sa langue, lalala de ses hanches, lalala de ce qu'elle ne voulait donner, que ses peintures ont entendu lalala, Baya ne pleurera plus! Ses cheveux glissent lentement et
dessinent son dos rond..."elle va peindre la tempête qui fait fureur sur ses carreaux, la mère aux mêches grises, mère aux larmes sêches, mère résignée, la maison qui sentait 
le beignet, une visite, un bruit! Et son silence devient tonnerre, son oeil prend la couleur des cheveux de sa mère, et de ses deux mains serrées..."Pourquoi m'as-tu faite là
Pourquoi m'as-tu dit qu'il fallait se taire? Mes quatre jupes ne m'ont point sauvée, je suis Baya enfermée, baya la folle à lier, Baya aux bas de laine froissée sur sa cuisse 
Pourquoi? Et sa rage, devient l'orage à coup de gris, de bleu, de vert mangeant la terre qui a brûlée hier avec l'amer et qu'elle reconstruit sans pensée et sans image, juste
Baya et ses mains qui cachent encore des yeux rougis comme l'enfant qui perd le bras de sa poupée...J'aime un homme: "MON chevalet-servant" campé en deux jambes si maigres et
une figure qui change de couleur...hier, il rit, demain il pleure ou encore sans visage les jours où j'ai pas envie. J'ai fait l'amour avec lui, j'aime l'amour quand j'ai dit
"oui" je remonte mes quatre jupes, mes yeux fixent cet homme silencieux qui fait jouir mes couleurs. Jamais il n'a brisé mes oeuvres, il se tient droit sans lever son sourcil
même quand la nuit est courte d'avoir chatouillé ses entrailles de mon pinceau de moi! Ha!  Baya rit, tu ris jolie dentelle, tu ris en ritournelles, tu ris ta vive la vie car
tu es près du chat endormi qui rit en pressant ses paupières comme pour prier que Baya rit! Un jour, elle a tellement ri que ses larmes tombèrent sur son pinceau trop sec qui
dormait depuis...trop longtemps peut être car il a bougé comme un cri pour finir sur le tapis de son orient. Il a laissé deux traits que Baya vit comme une union, un égal, un
plus...Elle s'est baissée, a continué à bouger le pertinant qui avait osé s'attaquer aux couleurs passées, ce passé qu'elle ne voulait voir disparaitre, même lourd, pesant sa
tête et ses rêves de femme couchée et elle a écrit: "Vivre serait-il rire ou pleurer?" Peut être qu'elle devrait le demander à l'oreille de l'oreiller pour qu'une plume polie
lui raconte pourquoi les rêves humides naissent avec leur cri et la chorale se lève sous ce cri, chaque plume danse sur Baya sa vie, "ohé, hoé, ého!!! Chante Baya la vie, ris
tes rêves ici, pleure nous aussi, de ton oreille tu dessineras ta chienne de vie et ce train de l'enfer d'où tu es partie, ton recueil furie, le cheveux coupé en quatre jupes
fripées où tes jambes si blanches pleuraient le paradis. Diva-Baya se remit à chanter " lalala" elle tournoyait comme une toupie folle, les bras tendus vers l'infini indéfini
un fini quand la mort tend son bras aussi. Son foulard a glissé sur son épaule frèle, son foulard qui connait tout, qui a vécu les pires moments de silence, qui a entendu lui
le cri qu'elle écrivit au pinceau quand les autres n'en voyaient que la couleur...LA LETTRE, cette lettre qui grille le cerveau, cette lettre qui bascule le corps, elle avait
reçu, d'on ne sait où tellement les mots dansent, les mots scient, LA GIFLE qui ne s'effacera jamais comme la marque de naissance, la baffe qui fait vomir, le poing qu'elle n
'a pas vu venir et qui bleuira un tableau, SON tableau, SON extrait de naissance à elle! Baya se redresse, essuie ses yeux et sourit à nouveau car elle est née deux fois sous
des étoiles qui sont si différentes et si proches quand elle se prostitue à son servant-chevalet, qu'elle remonte son jupon pour planter sa croupe sur ce tabouret usant de sa
main le manche du pinceau pour jouir, jouir en renversant sa tête, en se disant qu'il fait bon parler, qu'il fait bon poser du rose sur la joue de cette enfant qu'elle fut et
qu'elle est encore dans son corps vieilli. Dans les autres hier, un musée fermé foutant la porte au nez pour chialer en silence quand personne ne regarde et ne prie pour rien
ce rien qui fait un tout jusqu'à la mort, ce rien qui veut s'appeler toujours, un rien de rien et bien c'est l'hier de demain disait Baya en repliant ses coudes pour protéger
ce qui lui reste. Elle a longtemps cherché ce que voulait dire Amour et c'est à ce jour qu'elle peut crier: " j'aime l'Amour " car Baya aime l'amour comme il se présente dans
cette nudité qu'elle prend, qu'elle exploite, qu'elle apprécie et qu'elle pleure parfois! Une musique lui frôle parfois l'estomac au point de devenir Diva...Elle la Baya-Diva
qui chante "lalala, j'aime l'amour". Si ses meubles ne parlent pas, ils voient, si son chien ne dit mot, il respire, si son chevalet ne se courbe pas à ses pieds il lui baise
la mémoire à coup de langue tellement elle en connait: Multilinguisme ou plurilinguisme, peut importe, elle parle le chinois qui a mal, elle parle l'arabe qui s'isole, elle a
parlé combien de langues...combien et avec la sienne elle a fait du bien mais aussi de la peine. Elle a lêché des bottes, elle a lêché des cous, des yeux, des ventres velus à
l'appel du loup. Baya peint avec sa langue parfois quand elle parle au tableau, sa salive trace ce que ses larmes taisent, sa lèvre touche l'imperfection, ses cils lissent la
chair meurtrie lorsque ses yeux se ferment pour voir ce que son ventre lui montre, le sang et les os meurtis eux aussi. Baya-femme à baya-homme, Baya sans sexe vous avoue qu'
elle est vous, quelques fantômes tenaces, résistants, irréductibles, indestructibles, indélébiles, ineffaçables, inextirpables, indéracinables mais dont elle n'a pas peur car
ça lui rappelle que la mort existe, qu'elle sera la seule compagne sous la pierre, qu'elle lui parlera comme elle aurait aimé parler à sa mère, son père, même à l'ami-mort né
L'ami-chevalet le sait, connait sa future mémoire qui sera et appartiendra aux vivants. Baya a dansé la mort, sur ces cadavres qui retenaient la terre quand elle a tremblé et
ces vieux édentés qui souriaient assis sur l'escalier de leur demeure, sur les enfants qui n'ont pas eu de mémoire, sur les trottoirs, là où elle errait afin d'oublier que...
manger avait un sens, que...dormir ressemble à la mort, que l'amour peut mourir, que...Elle la peint sous un visage flou, du noir sous ses paupières soudées, le froid glacial
qu'elle procure sur la solitude des oubliés. Mais le fond est toujours resté fleuri de souvenirs profonds; un soleil, peut être pâle mais avec une pensée bleuet comme le rose
de ses volets quand ils resteront clos à jamais et qu'ils chuchoteront "Baya" dès que le vent touchera aux gonds rouillés. Il fut un soir où Baya alluma le feu dans la petite
cheminée de pierres brunes...une flamme rouge, bien plus rouge que les autres...une colère, oui! une colère se dit elle; une colère qui se dresse, celle qui se trouve dans le
coeur des hommes, le coeur qui va de remous furieux, qui bat en remous silencieux, celui qui touche, qui se fend, qui surprend quand il joue au volcan, à l'amour ou encore du
piège qu'il construit autour de lui pour ne plus en sortir...Mais alors, la colère, c'est la vie...Baya rit et court peindre la vie, elle rit et elle peindra aussi l'amour le
soir, sous la lune pleine pour ressembler à ses courbes, pour être et paraitre inaccessible comme l'espèce paysanne, comme le chant d'un corps mourant, comme Baya rondeurs et
mélodies transparences, édredon de plumes légères qui se détacheraient en portes ouvertes, en fenêtres sans vitre, il neige...il neige ses mots, il neige sa vie, il neige des
histoires, des folies, des je t'aime, le chocolat de sa peau, les maux-dentelle...il neige comme elle pleure, comme un rire-écho le feu d'artifice de Baya-mots...Dis moi Baya
pourquoi les hommes sont bêtes, plus bêtes que les cochons, plus cons que leur propre pantalons...? Baya tes yeux sont bleus, ton sang est rouge alors? Tu as perdu tes quatre
jupes pour une seule de coton que ton chevalet-servant regarde, recoud et brode en taches multicolres alors? Baya ne met plus de rouge sur ses lèvres mais le peint, bleus sur
sa joue qu'elle dessine, le gris de sa mère qu'elle admire et le clair de ses yeux qui aime l'amour, le bonheur des prés et des saisons, le chant du corbeau noir encore beau!
Elle fredonne : " Ami entends-tu le bruit sourd du corbeau sur la plaine...les pays qu'on enchaîne..." et elle prend sa voix de Diva pour crier " A la liberté " remettant ses
paroles sur ce portrait aux yeux vides que l'homme avait détruit, l'homme, la race humaine qui ne voit rien que le fric, que leur nombril en enterrant les pauvres, les chiens
du désert et tous les jugés coupables ! COUPABLES...COUPABLES de vivre? d'exister sans chemise, sans livre alors que leur sang coule comme le leur! Baya n'a pas de clé, ni de
porte et son seul porte-clé s'appelle " Liberté chérie, j'aime l'amour " et sa voix s'élève frappant les murs des prisons, frappant les remparts des châteaux, l'aile du vrai-
con et la bouche des mégères qui s'abattra comme l'oiseau migrateur qu'on arrête en plein vol. Baya glisse le long du mur sans fond pour encore apprendre, réapprendre son nom
Baya, Baya et la foule se lève, la foule crie pleure, se met à genou pour ne rien perdre de cette émotion que la Diva leur envoie en éclats de notes décousues du fil de trame
qui ressemble aux mensonges, aux promesses, un rat-passe silencieux! Elle érotise ses mots, elle éroïque sa culture, elle érode les douleurs et elle cotoie l'ami-mort pour un
bouquet final en une note tenue qui fait perdre le souffle...qui fermera les yeux, l'arme de Baya. Ca fleure bon chez Baya telle une odeur de pain chaud, les corps unissables
unis-sont, la peinture fraiche sur les murs de chaud-vif, un vin levant sa robe, un vent d'un vermillon profond, le jamais vu caché au fond d'un puit sans fond, puisant le vu
que personne ne voit, la paille et les gens bons. Elle sait Baya que la terre peut avoir des jambes de femmes sous le sexes des hommes, que les arbres sont ses cheveux, galet
poli, pierre de lune, des seins en dunes et des menhirs dressés en étalon fumés. Elle ramasse la cendre des rivières, l'eau des incendis, le bruit des avalanches qui fige les
montagnes, tous ces sauts de gazelles en quète de liberté et même les cailloux du petit poucet qui ne pourrait se perdre si la misère était elle aussi ramassée, graines-passé
graines-mauvaise, graines-péjugé pour l'appel de la forêt. Baya, tes yeux sont rouges...as-tu encore pleuré? Mais Baya n'écoute plus, elle dort au pied du chevalet, sans bras 
pour la serrer, aux jambes maigres et fatiguées, à la tête pleine à en creuver mais là! bien là! L'astre éclairé, ce serviteur muet qui reconnait La "belle-Baya" ayant quitté 
ses sandales pour mieux danser, son jupon pour mieux aimer, son foulard pour encore rêver à voix haute et entendre le chant du coq qui hume le café. Lentement, il fait couler
une perle de vert qui devient vers, un bout de bleu qui appartient à ses yeux, un orangé de son pays et un gris clair...pose un peu de magie sur son jupon et la belle devient
ce que toi tu respires, le pauvre vient de rire, le vieux qui va mourir, des rides qui font sourire..."Le Maitre" qui fait sourire Baya, qui brille dans Baya bien loin du con
-voyeur, du pervers-exploiteur, de l'abat-jour, du délaveur de couleurs. Baya a déposé son rêve en tête de Servant-Chevalet et lui, il l'a aimée en corps pressé pour chauffer
sa douleur, larmes dérangées sur papier-mâché, fondé, pensé rose volets en héron, son échassier lui jouant "moonlight'sonata" gouttes doigts, touches jupon, silence sa nation
alitée se remet des contes de fées: "faux-soigneur" enterrant la vie à peine née; que les belles sont belles aux yeux maquillés du beau héro; les bêtes sont cruelles, pauvres
au cachot; des princes aux princesses, le roi et son chapeau...Je vous salue dit Baya...je vous salue si bas que vous ne me voyez plus, vous voyez ? Vouvoyez moi Monsieur vos
grands airs au derrière, je vous tourne le dos, vous ne me voyez plus! Et elle rit la Baya en claquant de ses doigts le rythme sous sa peau, la sandale au repos, l'oeil lisse
et le jupon frimeur: " olé, olé, olé " je retourne à mes chants gentils, mes mots dits sages et le corps sage dégrafé..." olé olé olé " je vais voir le Vrai Chevalet fidèle à
mon repos et je m'appelle Baya Monsieur...Baya aux quatre jupes qu'elle avait remises et qu'elle fit tourner, tourner comme un manège fou, comme une toupie qui fuit les coins
parce que Baya ne sera plus au coin à tourner le dos aux oiseaux sauvages, aux chevaux libres même si elle tourne encore en retournant dans le passé. Il fait sombre et doux à
rester dehors...de ses mains tremblantes, elle prend son Chevalet tendrement en regardant son visage blanc et le porte sur le devant de la maison, appuie sur le bouton...Diva
chante et Baya entame la danse, et elle séduit "son prince à elle"...il a les jambes maigres, il n'a pas de bras, mais qu'est ce qu'elle l'aime et son visage commence sous l'
oeil du chien...Une tornade de rouge...un brin de jaune, un soupçon de tendresse pour ne pas trop adoucir la peine dont elle parle encore, une ombre, les yeux du vent, le cou
du soleil et les cheveux d'automne...Il sourit, la Diva-Baya chante, la Baya-Diva rit, Baya est libre et elle aime l'amour pour ne jamais perdre sa raison, pour ne plus vivre
le semblant, l'arrache coeur comme elle dit! Autant de danses, autant du temps, au temps où elle cachait ses jambes, au tant de fois, au temps des cris, au temps où l'amer vu
l'amer senti, l'amer si amer avait coulé dans sa gorge, sur son sein, sur ses cuisses et sur ce corps qu'on avait essayé de lui voler, elle vivra, elle posera ses rêves criés
en chant de cigales la nuit, en chant de hiboux le jour, en arc en ciel sans pluie et sans chaudron. Quand les chardons se dressent faisant un halo bleu sur la toile, du vert
sera présent pour adoucir l'épine qui ne pouvait se voir...Baya entend encore les bombes qui détruisent, pleure la terre humide par les larmes de l'arme quand ils avaient osé
toucher au bruit sec du jupon, quand claque cette gifle qui ne voulait rien dire, quand l'enfant fut posé sur l'escalier d'une rue sombre ou la fillette qui ne sait pas l'âge
qu'elle a, ni où est sa maison...Mais Baya rit à sa vie, Baya est un soldat, Baya hisse son drapeau qui flotte sur les ruisseaux n'ayant en bandoulière qu'un chemin de misère
mais qui mène si loin que même sa mort ne posera de point...Le défilé des tableaux commencera avec en tête un Chevalet-Servant...Un rideau tombera comme la pluie...la musique 
ne sera que le chant de la Diva-Baya, les mannequins seront ses Chevalets-Servants aux jambes maigres...Baya aura ses quatre jupes et sous ces quatre jupes, un jupon brodé et
taché à l'image des visages du Chevalet...Et La Baya vous chantera l'amour sans enfouir son visage même en larmes...Elle vous notera chaque maux, chaque mots en gris perlé et
en coton comme les yeux sa mère si loin, si fatiguée mais qui aime aussi l'amour puisqu'elle l'a inscrit sur sa pierre tombale. Elle vous dira pourquoi le noir ne peut pas ne
doit pas être aussi noir que la mort que l'on ne connait pas mais un noir corbeau, un noir cauchemar, un noir à broyer sa mâchoires, mais pas le noir qui dit silence! Je suis
Baya la toupie et elle se mettra à tourner, je suis Baya aux jambes blanches et elle relèvera le coin de son jupon, je suis Baya aux mille pinceaux pour son beau Chevalet qui
rira encore pour baya sa chérie...oui, Baya-Chérie ote ton foulard, laisse tes cheveux gris et montre nous tes yeux clairs...les coeurs de la scène reprendront ce refrain ici
quand Baya sera à terre, reproduisant les pauvres, les blessés et les grabataires...quand Baya sera en l'air accrochée à sa toile...quand Baya souffrira sur son oeuvre qui va
grandir, qui doit grandir et atteindre le plafond de sa chambre comme toutes les nuits où le vernissage de ses rêves avait lieu dans ce théatre personnel, étranges duels sués
qui se montraient le jour. Maintes fois l'araignée tissera la toile, descendre elle sera, finira sa course en peinte femme très loin d'un gouffre à l'heure qui n'en sera, aux
tics et aux tacs des corps vidés, au noir du gris sur des cheveux au vent, aux corps secs, corsages et à toutes les aiguilles qui tombent, ne pas voir passer les heures qu'il
faudrait pour reconstruire, réparer l'impossible. Elle sait jouer des couleurs comme une chef d'orchestre, elle sait rire sans masque, elle jongle avec ses yeux, elle parle à
son chien...Baya vit sur ce manège qui ne saura tourner que dans un sens, tâchant tous les miroirs sans teint, surprise des porcelaines comme celle des pantins qui jouaient à 
faire semblant...Non, Baya ne fera plus semblant de vivre, semblant de croire ou d'aimer! Baya ne sera plus le papier fragile, le son du gla après l'amour, le chant du coq si
différent quand la mort a frappé, le chien sans collier ou le bout qui manque à son soulier. Des tempêtes, des torrents ont ravagé des lieux profonds, planqués et plantés tel
l'arbre centenaire essuyant les tonnerres, la foudre et les colères. On n'abat pas Baya sur le plancher, le cri, son cri écrasant l'étau quand les mâchoires se fermaient sous
sa peau, peau lividement éteinte qu'elle avait rallumée au pinceau, offrant son souffle, ses larmes et ses cheveux...la sueur de son front qui carressait sa bouche meurtrie à
creuver parfois tellement l'eau était amère. Je n'ai fait qu'exister disait Baya, je n'ai fait que respirer, je ne voyais plus ce que ma vie était...aurait, mon du mordu sans
avenir. Baya aura encore des cheveux gris, des yeux clairs et des jupons de mille et une nuit qu'elle libèrera sur des supports texture choisie pour le partage des folies qui
glissent parfois sur l'entaille maudite, veine à veine sur le cirque en plein air, la valse du sang jusqu'au sans logis quand brûlent les artères à minuit. Baya se dissèque à
frôler la mort, prise dans le jeu des dentelles charnelles, du grain de beauté ici quand les sexes alourdis et frileux dans une nudité en sac se jouent bal trappe, tires secs
et disloqués...petite poupée de chiffon décolorée ayant essuyé les peurs du garçon malade et fatigué...camion sans roue que la fillette serrait en disant "Papa, Papa revient"
Baya aime l'Amour d'un mâle doux, le doux pour un mal d'amour...l'Amour d'où le mal aime Baya. Baya hait ces figures imposées...hait ces racines barbelées qui trancheront aux
premiers cris la veine de naissance...Marcher, marcher la libre-Baya disait-elle...ne pas se retourner, ne pas se crucifier à la face des "On dit" des "non-dit" qui meurent l
'unisson sous le pas des chacals affamés visant les démentibulés. Rien ne sera plus classé ou déclassé, amour interdit passant des naissances aux décès, de la femme-mineure à
l'homme-danseur sur sa toile de rêverie tout vit! La Baya sera encore peinte de ses pleurs, Baya dansera encore avec son Chevalet-Servant qu'elle aime tant, Baya chantera: as
tu, à tu-tête, à tête et jambes maigres que la Diva est libre sous ses quatre jupes, que son corps aime l'amour et sa face de grand-jour qu'on salue d'un "bonjour mon amour!" 
Elle est droite comme le "i"...jointe en mains pressées de s'ouvrir...en fleur attendant un rayon qui pénètrera son sein, parlant son nom au profond, le chien ne bouge pas et
regarde le Chevalet-Servant sans visage...le silence...la Baya...le silence...la Diva...le pianiste qui respire, levant doucement ses bras, les doigts écartés face à la noire
face aux blanches...le silence...et tout éclate en couleurs, Baya peinte, Baya pleure sur le visage du Servant, Baya se déchire en morceaux vivants, Baya appelle Baya " haaaa
c'est la Diva haaa" son cri explose en gris, en cheveux, en folie et le spectacle devient sa vie, les plumes de ses chagrins, la couche où meurt son père, le cri amère, foule
engourdie, d'une souris au chat, le laid si beau, des morts si chauds et les oiseaux au fond de l'eau. Baya ne respire plus, la peur de l'attache trop serrée qui gâcherait l'
étoile, les mains jointes, les paupières se ferment et son intérieur pleure encore une fois ce qui a été si cher à son âme de bohémienne au foulard, de troubadours, mouchoirs
sans dentelle et bas de laine. Ses maux sont divins, ses cheveux resteront gris et Baya dira encore qu'elle aime son jupon sous ses quatre jupes d'hier, l'amour et de sa mère
les beignets offerts aux pauvres qui n'osaient venir. Baya n'a plus de sexe, Baya n'a plus de jambes blanches, Baya est juste Diva qui jure, qui respire, qui crachera sur les
bétises à coups de son pinceau en voix porteuse d'aventure et elle aimera encore et encore l'amour au delà des frontières, par delà les champs et les chimères sorties du bois
aux biches, aux cerfs bramant pour une belle choisie et c'est à genoux devant son Chevalet-Servant qu'elle emportera sa misère et ses chansons, ses yeux gris qui souriront au
vent de ses saisons, là où personne ne pourrait pleurer, ils n'en n'auraient pas le temps ni l'envie. Baya avait peint un univers en vers rage, en rose-volets, en bleu des os
brisés et en gris comme le fut sa mère. Baya avait donné à son Chevalet des rêves enfouis, son jupon soulevé, ses jambes liées au tabouret, ses cheveux défaits d'un regard si
confus qu'il a bien failli pleurer. Baya a entendu le hibou un matin de blessé, un vol d'oies sauvage abreuvées, la terre respirer la moiteur du tonnerre et elle avait noté à
chaque page qu'elle aimerait l'amour. Un vieux grenier, des volets clos, un chevalet aux jambes maigres et ses nombreux visages qui porteront son nom: Baya avait quatre jupes
Baya avait peint en vermillon sa jambe en guise de bas soyeux, Baya avait marché en chantant la Diva-Baya et c'est sur la pointe de ses pieds qu'elle avait valsé avec son bel
amant dans l'herbe en attendant que la nuit touche à son pinceau dévoilant son visage qui changera de ton. Baya a libéré ces fantômes dérangeants en leur rendant le visage de
ses instants. Le coq a chanté l'air chargé de teintes nuancées comme les draps fripés, la peau ridée, les yeux du vieux qui rit comme Baya. Le 20 Janvier 2009.Sylvie Girardot
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