Cre: xx/xx/07
Maj: 08/07/12
Maj: 18/11/21
Inimaginaire
Irena Barbier: Carrément poétique !

Un instant suspendu sur le fil, on oublie qu'un jour suffit. Il y a bien des paroles sur l’autre versant de la nuit que nous tous, nous attendons. Soit!
Une autre trajectoire temporelle dans le cadre, la fiction sur ta main ne perd pas la magie. N'oublie pas que je demeure là. On me regarde sans me voir.
Des mots sont ainsi, battent nos ailes, laissent l'irréelle empreinte. Tout s'en ira. La vie nous cerne, lie à jamais les ombres éteintes. J'épèle notre
heure que la langue écoule. Invraisemblable ! Nue ou vide de mots. Je feuillette des minutes entre les tableaux esseulés. Nous ne parlons plus. Les yeux
dénudés, enfermés en soi. Identiques aux miens. La vérité intacte que le silence configure en suppositions répétées et sculpte dans la pierre. Sans être
lue ni niée trois fois. Nos enfreintes pures dominent l'abandon de sureté. Je te bâtis en image de moi-même. Je suis dans ton ombre. Je devies ton ombre
refusée. Toucher notre monde est un risque quand la lumière coïncide avec la lumière - sans nous. Je suis désaffectée, absente dans son regard, dans une
toile illimitée. Éteinte et perdue à la lisière de beaux rêves, je vide mes nuits avant qu'elles échangent leurs pensées, au goût étouffé, leur sonorité
entremêlée. La vue imprime l'impossible. Tout a une durée instantanée. Le piège du temps, moi- un ver rompant comme le souvenir de Madeleine. Rien n'est
vécu par hasard. Notre chair dans le doux vent de saison. J'épuise la pluie. Pourtant, de chaque côté un gardien. La vitre nous coupe en deux. Nos mains
se raidissent, décomptent le sable. Nos lèvres bruissent sans perdre un mot. Le geste s'enlise dans l'oeil, surveille. Quelqu'un trouble la trajectoire.
Nous quitterons bientôt le parloir vers un autre monde. A nouveau - au revoir, à perpétuité ! En hauts lieux un langage châtié sonne des vers. Le soleil
tel l'ampoule grillée. Une lave de pensées coule en ver de terre en tremblement du coeur. Canon de salve. Versets cailloux. Tout rompe aux yeux. Le croc
de lait en sourire. Une cueillette involontaire de voix agrafées sur la squelette de l'écorce. Dans l'air le goût noisette ou de coucous tressé dans les
cheveux. Ils se blottissent au chêne décoiffé. Mon désir marque son territoire. A ses pieds le labeur des fourmis qui chantent l'obéissance. Je suis là,
toute oreille dans le sommeil de la forêt, au milieu des bruits, bercée par des murmures. Je suis toute forêt entière dans le scintillement du doux été.
Je mesure le temps hors pendule dans un manège avec les madones. Les débris des sentiments réchauffés, cela ne suffit pas ! A l'intérieur il n'y a qu'un
hurlement, des barricades pour les mots entre les lèvres et le coeur. Je repose mes prières dans le jardin du curé. Nous apprenons dès l'enfance la mort
dans toutes ses nuances, aux significations voilées sans raison, juste pour qu'au crépuscule on accélère notre souffle? Je mesure le temps. Pourtant, je
suis devenue folle. Je dépasse les mesures, retire les restes, par poignées. Passionnément. Je secoue le temps de mon chemisier. Il ne fleurit pas. Même
au printemps précoce. Ce n'est pas la période. C'est dense autour et encore, encore, sans cesse, je sculpte les accomplissements, dans le lierre si vert
je suis vivante. L'amour entrebâille les portes quand les arbres balancés par l'ombre, courbent leurs aveux. Les murmures sont enfermés dans la pendule,
sous la grande aiguille. Les lèvres s'écoutent. Dans le courant d'air glisse l'attente. Alors, les matins s'égarent dans la nuit, abusent de noir. Roses
thé boivent de moi l'infusion de la théière, préservant le temps cillé encore entre nous. C'est un bon moment pour écouter le crépuscule. Il y a tant du
blues dans la tendresse qui nourrit d'un rubis tiède l'iris, incline le bruissement jusqu'à terre dans le permanent départ. Alors, l'absence touche avec
un grand sérieux, mortellement. En mères mûres s'éteignent les jeunes filles, les maîtresses s'éveillent. Appelez cela une promotion. Arrachons les mots
du contexte d'une planète féminine. Laissez le secret du sourire aux génies. Toutes, tels des arbres perdant leur sagesse faisant la gueuse avec le vent
puis endormies sur une planche de peuplier, rejettent l'espoir et pleurent. Évitant les regards en biais,  loin d'une parade, sous un autre angle, elles
conversent en buvant l'anisette comme si elles se connaissaient depuis florence. Sans mots. La fièvre les prend dans ses bras. Elles sont nées ici. Dans
la maison plancher de bois. L'odeur de cire et d'amidon. Des photographies comme une aquarelle pâle, elles les cachent de la lumière, pour vivre la vie.
D'ici à nulle part, une tristesse du port dans l'assiette. Pourtant la chevelure claire sent toujours la joie. Juste quelques larmes périmées, un pan de
de rêves jaunissant comme la terre parentale, inconnue, aux  confins orientaux. Le tain interprète l'âme dans l'ouragan des paroles au temps l'imparfait
à l'imparfait pour des mots blessés qui obstruent la langue. Néant. L'univers inquiet d'une jeune fille aux rêves mûris. Elle boit la vie comme un verre
de vin sec sous les yeux des autres. La clarté disparait sur la rive de l'instant. La nuit froisse, frappe de mots transparents, de sourires-chats. Dans
le long couloir le même doute, l'incertitude, du piano au fortissimo. Quelqu'un attend, maquillage fatigué par le bruit. Des cristaux peaufinent le sens
sur les lèvres d'une couche de crème, d'un geste sans coordination, perfectionnent le commencement. Les yeux s'emmêlent à la lumière. Le miroir me conte
pour toi mais nous sommes déjà absents. Sept heures. Dans une gare de province le temps agonise. L'heure sans vie, arrachée du contexte d'une attente...
La pendule d'un soupir artificiel balaye l'espace sans moi. Dans la main un billet de retour. L'heure matinale à la place des lèvres... Un oiseau siffle
encore, posé sur la peau humide. Sept heures. L'heure des adieux. Je remets des raisins sur l'assiette. Ils me narguent des yeux avec gourmandise verte.
S'identifier à la neige, à l'odeur de l'ombre. Sans parfums. Femme! Tu deviens! Traduis cela en langue des gestes, si étranges comme ses mains. Regarde,
les derniers quarts d'heure s'immobilisent sur la défense, ne s'appuyant que sur le dos. Ce n'est pas une faiblesse. La symétrie idéale, le froid sur la
trace vague d'écrit où le fond se distingue mieux. Le temps plus que somnolant. Saint petersbourg ou paris. Ces doigts en bois, sans vie s'imaginent une
pensée. Apprends moi à déboutonner de nouveaux lieux d'émerveillement. Je disculpe la lumière dans son éclat quand mon "quatre heures" s'assoupit encore
sous les persiennes baissées. Tu as constamment des arêtes vives. J'ai toujours mal à toi de la même façon. Le temps entaille d'un coup de canif. L'oeil
voit autant que les mains d'un voyageur. Elles te serrent sans que tu puisses te libérer. Je secoue la tête. Ce n'est pas la saison d'éclipse. La mienne
a eu lieu. Nous pouvons nous envoler, demander de l'autre côté s'il existe car nous ne connaissons que le début du siècle, des serments, des concessions
C'est si loin de revenir de là-bas. Seule la tristesse, le regret font un duo manqué, au-dessus du village de nos rêves appropriés. Pourtant j'écris des
poèmes. Les mots s'échappe sans cesse. Je ris avec délicatesse pour qu'il ne leur arrive rien. D'un éclat sans importance la vie devient lieu. Les jours
impatients courent vers moi, me lèchent. C'est si simple de parcourir le monde sur le clavier, barrières baissées et routes entrouvertes, voir printemps
épineux, hivers rassis, trains remplis de craintes partant vers les attentes mûries. Des soleils se sont déjà éteints avant le crépuscule des pensées et
les mots mûrs prennent du poids. Ils ne se couchent pas tout de suite, inquiets de ne pas se réveiller à temps pour jouer les émotions sans fausse note.
L'arrogance avec éloquence fait la lippe, silencieusement. Je t'ôte de toute poésie... La fragmentation nocturne de soi dans des discours personnels. Le
regard comme un ultimatum. "L'illusion est un art pour l'été qui vient" Je vais attendre qu'elle meure de vieillesse. La perfection dans le regard coule
des mots, des convictions. Le vide dans le souffle en bois vermoulu. Les pensées remuées par des bras. Je déforme l'oreiller, les doigts crispés loin du
verbe. L'eau devient paresseuse. Elle est unie à la branche d'olivier dans la chambre. Qu'entends-tu? Les noisettes tombent. Les yeux froissés. Un appel
discret à l'ordre de soi-même. D'un calme, l'eau coule à travers nous, protégés par le pelage au mimétisme protecteur. Les mots rouillés dans la réserve
des phrases. Sur les trottoirs le langage cousu de mousse. La braderie de peur s'achève sous les façades défaites. Personne ne prie contre les dieux. La
décharge de chagrin accouchée par les yeux. La vie m'épie derrière les volets. En bas les casseroles de conversations. Des litres de larmes inutiles. Le
mur de bonne volonté va tenir jusqu'à demain, mordant les lèvres pleines de paroles. Le soleil vieillit, je traduis le temps. Je suis devenue bois, rien
qu'en pousses exubérantes d'inquiétude, couverte de mousse côté sud. L'écho s'envole sur l'autre berge, vers les nids. Sous la bienveillance des herbes,
je disperse les fleurs. En silence résonne ma langue de bois. D'un regard incisif dans la couronne des yeux, d'une écharde d'ironie. Moi, l'arbre, je ne
mourrai pas débout. Quand le matin je sors le jour du cadre frayant son chemin jusqu'à l'aube, elle une ligne de contour du crépuscule coud des horizons
observant des jalousies. Devant la nuit sortilège, derrière les ailes d'un moulin, les murs prient des heures. Femme transcrit un traité de sexualité en
écriture cunéiforme. Elle observe les oiseaux derrière le miroir. Elle croyait pouvoir faire tout, accrocher la lune au cou d'un ennemi ou la noyer dans
un océan de granit. Elle parlait aux femmes de âmes laissées sur les champs de bataille, peintes en tons pastels. Ses voyages aux enfers avaient un prix
Elle colorait des coquelicots aux soin de la flamme de l'inconnu. Elle claquait ses doigts secs et enflammait la mémoire d'un dernier combat. La défaite
Je brûle des pupilles de chaque aube, d'un écho fatigué d'hier. Essayons de fermer la valise. Dans la ville étrangère règne le silence. Je m'accroche au
passé effaçant le désordre, trop parfaite création des penseurs. Le temps souffle leurs paroles entre des pavés chauves formant des congères. Il imprime
des poèmes sur des pierres nues. Culture des affiches. La nouvelle poésie de la rue déchire en hâte le jour, disperse en micro-désirs du corps. Et l'âme
rétif. Création de quelqu'un qui ne serait plus lui-même car il ne sait pas qu'il est. Je suis de toi plus près que st germain-de-prés, que toi quand tu
es incrusté dans la blancheur du mur. Tu as le parfum du lys ou de lilas couleur lilas, si banalement artificiel, pendant que les berges de la seine qui
fleurissent de bouquinistes, donnent du charme à ton apparence. Tu ne saisis pas la tristesse épinglée au sourire de la dame qui sans élégance boit dans
une tasse du café et rêve de thé - une telle communication avec la nature, identique à la poésie quand elle puise ta force. Tu te sens malade à cause de
la verdure des feuilles, même si les autres  nuances te mettent à genoux. Dans l'oubli, tu noies tes nuits et tu ne te souviens plus de ne pas passer de
l'autre côté. Au café, au-dessus d'une serviette de papier, tu reviens à la vie en couvrant sa nudité. Dans ton sourire à bascule on entend le battement
d'immortalité, cousu par erreur sous la langue douloureuse. Sans cesse derrière moi l'errance de ton monde, incompréhensible, aux bons yeux insatiables.
Tu pistes une hésitation, un tout dans un verre, si peu et autant. Tu frottes l'énergie avec du papier de verre et lisses des mots rugueux. Seulement ta
langueur aboie. Le soir une lassitude coule sur mes pieds. D'une main tremblante défais la vie avec humilité de saint jean ! Quand la mémoire coagule un
instant, sur mon épaule s'assoient les oiseaux de pierre. ils croassent, noir sur blanc. Je chasse de gros oiseaux funèbres basculant avec préméditation
un domino des pensées. Comme en automne, en promenade, je me penche pour ramasser le rouge. Tu lis déjà de dos toutes ces histoires bêtes. Politiquement
raidi, tu accroches des affiches et rotes tes arguments, en les passant de ton côté. Niagaras derrière moi, fontaines devant hyde park avec son doigt de
procureur! Non! coupable! Trop tard... le boulevard derrière. Les oiseaux noirs déjà à notre maison appellent de ta voix basse. Je refuse de les nourrir
Les yeux décolorés, l'écho des alentours assourdis, les bras des murs pendouillent resserrant les branches jusqu'à l'horizon de la chambre. Là un oiseau
chante. Les pensées deviennent ailées sans faire attention au contexte. Elles s'ecaillent d'attente sur les lèvres et le feuillage. La forêt s'entrouvre
comme un homme bon, pas assez pour différencier, trop pour ne pas remarquer. C'est mon oiseau qui chante. D'un seul regard on pourrait enfermer tous les
mots et libérer l'écho des palpitations, poursuivre un nuage, lier les secrets par la confiance. Alors je déchire le lointain sur les marches de la plus
colline cherchant l'orient hors du soleil couchant... Encore plus haut, encore plus loin, infiniment vers toi. Et toujours en avant sur les pavés bossus
sans répit, sous le ciel qui ne sera jamais à nous. L'espace froisse la lumière des étoiles, des bouts de la mémoire, aujourd'hui je tisse un kilim pour
toi. Tu écris par raccourci. Les ailes te gênent. Tu voudrais les déployer. A présent au-dessus de la tête rien que le sifflement d'une grive. Tes idées
menées par un chas, broient le béton, pas armé encore d'épines des roses piétinées par les poètes. Mots trempés dans le lait d'enfance. Sur une vitre tu
crames la raison. Plus loin des arbres grimacés sous la saison. Ils s'oxygènent pas le sens. Et toi n'oublie pas que demain est le premier jour du reste
de ta vie. Un long chemin pour un bref regard. Avoir le temps pour saisir dans la main la fragilité. Je ne crois pas au prophète. Une salle de bal, plus
loin l'orchestre sur le canapé. Auparavant des couloirs souterrains, des caves, au-dessus un visage lissé, hors chronologie. Je voudrais écrire un poème
même si l'orage de grêle ne laisse pas de traces dans un vide enneigé. Je compose la mémoire noire des senteurs serrées de l'âme. Qu'est-ce qui est vrai
dans des gouttes du soleil? Une larme après l'autre lèche la clairière des paupières jaunies. Le dîner a perdu son goût. La vie a toujours de la saveur.
Par manque de volonté tu raccourcis encore la nuit et jettes à dévorer au vide rassasié le jour aux deux faces. Qu'il remplisse ta vie de belles saisons
du temps de ta vie. Les chapelets sous tes doigts fragiles jouent toujours de ta voix enfumée. Tu es déjà plus légère. D'ici je t'aperçois difficilement
Tu es un faisceau de la lumière d'automne dans mes vers, tel un ange asexué, humain jusqu'à la paresse. Les vestiges moisisent avec l'auréole des saints
les mots surexposent le négatif. Tu voudrais encore secouer comme la pluie le dernier émerveillement, puis aller au rendez-vous ! Pourtant c'est lui qui
construit la route, et toi, tu indiques la direction. Une note de voyage au fond de moi. Je survole des pages remplies d'écriture rectiligne. Au fond tu
t'enfonces dans le sable roux ou dans la poussière de la roux. Sur le sol noirci des jacrandas fleurissent. Avec toi je brûle Paris, je gagne Tombouctou
Les mains roussies par le feu véhement. Gratitude de longues veullées ! Parfois serrées dans une poignée, nous nous dilatons jusque dans l'ampleur d'une
ombre, d'un paysage gris cendre sur l'écorce d'eucalyptus. Derrière une falaise se cache le cimetière des balaines. Unir des années à son côté, puis les
endormir dans un rire, sans savoir juste ce qui pouvait durer, confisquer le ciel, se souvenir du tremblement de la terre peuplée au-dessus de nos têtes
La nudité ne laisse pas de traces. La mousse rétrécit le mur. Le lointain brûle d'immobilité. Difficile d'oublier que l'enfant cesse d'être. Et l'espace
prend une large place sur le canapé. La tête appuiée sur la pluie, elle vacille. Se souvient. Le sang refroidit. Plus facile de regarder en diagonale et
écraser entre les doigts l'attente, sans méfait. Arraché" comme une berge de sa chair, emportant un grain de larme vers la mer. La mère salée, celle qui
vague dans ta vie. Grain de sel, seule de toi, face au vide, grâce au nid que tu fais sans tes ailes et sans elle. Prends mes doigts, fil de fer, fil de
soie de mon coeur et naguère mère et fils. La guerre des vies, mon petit! Le temps se gâte, garde à toi, la mer qui grogne, sonne ta voix sur le fil. Un
coup de fil, le ciel bleu de tes yeux, yeux de ta peau, peau en bleu. Joue ton jeu comme tu veux. Le motocross, cross et bosse sur mon dos. L'os de vie,
vit en moi. Je suis moi. Va Solweig! D'une lettre pompeuse irrationnelle il restera toujours des traces de nous, des autres, des rancunes à trois portes
claquées avec bruit, exposées de front à la vue publique, des envies mises au jour et la réalité en semi-produits. Nous nous déconnectons en coupant les
câbles de l’optimisme. C’est - soit disant - plus intéressant. Ayant renversé le cumul de nos jeunes souvenirs. Nous les préservons en aquarelle sous un
verre opaque. Un chef-d’ouvre ! A présent nous subsistons infidèles, passant d’aujourd’hui au lendemain, du dîner jusqu’au lit, nous déjà une romantique
relique d’une époque révolue. Être à présent là-bas, se souvenir des traces de l’été dernier. Les voix enfumées. Je ne suis pas d’ici. Les frontières de
mes patries se chevauchent. La conscience oscille dangereusement. Parfois elle m'importune entre les sentiers d’acacias. Des nids abandonnés, de soupirs
des émotions qui ne sont pas inscrites, s’envolent quelque part, plus loin à l’est. Je suis. Rien ne m’a changée. Je ramasse un caillou. Il miroite dans
l’oeil. Je le prends pour sentir son toucher, sa chaleur éteinte. Et savoir que déjà on peut dire C’était. Venezia. Je ne rêve pas à ce moment. De vieux
rêves ont perdu leur rythme. S’emmêlent des mots l’ordre des pensées. Par des rues minées se faufile mon ombre et au-dessus de ma tète le plomb suspendu
Je me prends en main (il n’y a pas de loups en ville). Sur le trottoir me cerne le suspect. Le coeur italien bat comme un escalope du chef et le gout de
coton aux pommes. La citrouchka avalée avec des litres de la salive. De peur. Je suis prête. Rêver des ascenseurs, des puits célestes. Je sens de lourds
sceaux de sommeil. La nuit encore tu n’es pas. Des variations sur le sujet sans une paraphrase révélatrice. Il ne se passe pas grand-chose la une de nos
journaux. La hâte enferme les albums photos et les gens sous les décombres. Nous mangeons avec appétit des abricots (la bonne récolte). Tous les ans des
motifs orientaux se répètent. Dans le serment habite dieu. Nous courons au diable, avec nos mots morts de culpabilité. Le temps se brise. Une toux sauve
la vie à ceux qui veulent encore. En spirale vers le soleil. Les cierges brûlent pour la haine quotidienne. Ne nous punis pas par tes larmes. Relâche le
chien. Peut-être renaîtrai-je en le perce-neige sur la toile du lendemain. Le temps concentré permet de schématiser, fait sortir le rêve au petit matin.
Avec une terrible délicatesse explose la peine. Je sens le mal de lumière. Les branches cornues m’accueillent avec hostilité. L’erve traîne avec paresse
l’excès du corps lourd. Qu’est-ce que les oiseaux ont de bon à se raconter ? Je m’enfouis dans le plaid et les chaussons chauds ou je m’enfonce dans mes
pensées. Ma création du monde a lieu chaque matin dans le jardin sans anges, pommes de paradis ni dictaphone. La carte postale d'en voyage en métropole.
J’ai oublié de prendre mon ticket. Des yeux mes taraudent de travers. Un diablotin bouge sa queue joyeusement. Cher payé. La gare chamboulée sans dessus
dessous. Le regard cerne les échafaudages. Je trébuche sur des visages indistincts. Peut être je ne m’entends plus dans ce vacarme. Une description sans
dynamisme du poème. Ici devant moi s’impose l'audace des mains tendues. La monnaie sonne. Elle a sa valeur. Tu vois une chute douce et les yeux du chien
me regardent tristement. Froid. Ils ne comprennent pas. Dans la librairie je dépense trop. Futilité. La gare sans dessous dessus et ma conscience. Cette
fois-ci j’achète le ticket. Le plus souvent je décris le monde dans la cuisine. Par la fenêtre de chaque jour nous nous regardons plus superficiellement
le vert foncé de l’été s’éteint. Sortir d’ici est nécessaire. Changer la couleur en plus clair, faire attention aux dernières joies trop brèves pour les
regrets. La lumière fuit et les arbres se lamentent en pluie. Nous n’avons pas eu le temps d’enterrer en nous l’été. Il prend un raccourci.Le marronnier
et le tilleul cohabitent encore. Des oiseaux, avant l’envol écrivent sur les feuilles leurs adieux. Entre les allées vides la nuit a deux chambres. Même
le rêve nous colle pour un silence de longue durée. Je vais le poser en rondelles sur les yeux. Enfin ! Je ne peux pas céder plus de place. Sur la table
un quartier de pomme rappelle l’automne. Retour aux sources d’oder. Je cherche la trace d’acacia, qui se distingue encore par son parfum. On ne peut pas
tout mettre en gage, donner la table, l'armoire. Rester pour parler une autre langue, celles d’ici ont eues de la chance. On les a cachées comme pendant
la guerre. Ils les ont nourries d’un pull, un pardessus. Seules les chaussures, inséparables, se sont attachées par les lacets. On les a oubliées - tant
mieux. Les murs ont jauni, peut être de colère... une térébenthine irrite et l’homme exprime la mémoire, les pensées. On meurt ici pour la deuxième fois
les portes se ferment dans un claquement sec. Des mots asséchés jusqu’au dernier point. La jalousie d’un son futile a baissé ses bras, l’épave jetée par
la vague dans le sommeil inachevé. L’harmonie des sommets et leur reflet se pose au fond. Arrête toi un instant!... Le pull usé comme l’histoire s’écrit
avant qu’il ait le temps de changer sa chemise. L’autorité dégrafée, derrière le virage pointe un drapeau rouge. L’aube le trouvera affamé du désir d’un
rêve parfait. La liaison avec le ciel interrompue. Une panne : l’ozone avec un coeur troué. Une légèreté coule sur les cheveux déteints. Peut être qu'on
t’invitera au festin de la fontaine. Là bas des loups sont aussi affamés. A propos du pull : cette  vie minable après le coup de ménage a rétréci encore
une fois. Un requiem pour celui qui bat encore des ailes. Possible que quelqu’un entendra ! Sous les pieds la quiétude d’un kilim fait main. Je voudrais
encore tant oublier : les débris des voix, le jeu d’apparences, le morcèlement de la lumière dans les yeux, où se sont inscrites les images. Quand tu es
parti, il n’est rien tombé : ni larme, ni mot, ni poignée de terre. Sonnait le silence venu du niémen. Trop loin pour entendre les rires des enfants. Tu
as creusé tes chemins avec précision. Dans une folle ascèse des sens. Je préférerais ne rien savoir. Permettre à la lumière de s’infiltrer de deux côtés
par la fente sous la porte. Choisir une autre vie à ta place. Mon ombre n’a pas appris à pleurer comme moi. Je révoque la mort. Je suis en vert. Solweig